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Move-On Magazine

Rencontre avec Olivier Mettais Cartier, tout nouveau président des Agitateurs de Rêves


Un Olivier bien enraciné à Annecy, sorte d’homme orchestre qui incarne l’esprit des Agitateurs.


| Publié le Jeudi 16 Juillet 2020 |

Olivier Mettais Cartier, président des Agitateurs de Rêves ©DR
Olivier Mettais Cartier, président des Agitateurs de Rêves ©DR
Olivier, vous êtes président des Agitateurs de Rêves depuis avril dernier. Vous faisiez déjà partie des Agitateurs ?
Je faisais partie du CA, j’y étais le garant artistique. Je ne m’occupais pas de la programmation puisque Maud de Cointet et Anne Habermeyer l’assurent avec brio, j’avais en charge la partie musicale avec David Delacotte, le repérage des lieux pour le Coup de Théâtre et pour les différents événements tout au long de l’année. J’ai aussi aidé à la médiation qui permet, par exemple, des ateliers comme Métamorph’noz en ce moment. Nous avons aussi différents événements festifs avec une part culturelle. J’y suis le garant artistique.

Les Agitateurs de Rêves existent bien au-delà du Coup de Théâtre qui en est la partie la plus visible. Vous êtes de plus en plus ancrés dans le territoire et dans la durée.
Les Agitateurs sont nés du Coup de Théâtre qui est devenu aujourd’hui un événement des Agitateurs de Rêves. La médiation culturelle, en particulier, prend de plus en plus sa place. La demande est de plus en plus forte dans les quartiers d’Annecy de la part de nos partenaires sociaux pour que nous assurions le volet culturel. Ils sont preneurs d’idées, d’ateliers, de gens capables de les mettre en place. Les ateliers se déroulent de plus en plus à l’année.

C’est un développement d’autant plus intéressant qu’il accompagne la fusion des six communes d’Annecy. Il propose une forme de décentralisation qui s’adresse aussi aux jeunes, aux scolaires.
L’ADN des Agitateurs, c’est la culture pour tous, le liant social à travers la culture pour tous.
Le Festival du Coup de Théâtre a pris une ampleur remarquable en peu de temps puisque ce sera cette année sa 9° édition. Il attire un public qui allait déjà au théâtre, il accueille aussi des gens qui découvrent le théâtre mais, quoi qu’il en soit, ce sont des personnes qui font la démarche d’aller au théâtre, qui se déplacent pour voir un spectacle, même si le Coup de Théâtre anime différents lieux. Nous avons cette volonté forte d’aller dans les écoles, dans les quartiers pour être le plus proches possible d’autres publics car pour certains il n’est pas si simple de faire la démarche d’aller voir une représentation. On a beau s’installer devant la fenêtre de quelqu’un à qui le théâtre ne parle pas, ça ne fonctionnera pas.
Nous devons trouver d’autres moyens de proposer cette culture, cette ouverture d’esprit sans faire la leçon. Les ateliers de médiation permettent d’aborder différentes thématiques culturelles, la photo, l’écriture… Cette année, c’est le théâtre à travers le masque, le clown. À la rentrée, ce sera la scénographie et l’urbanisme pour rêver son quartier. Il s’agit de montrer des métiers, des formes culturelles qui parlent à tout le monde.

Il y a un côté très citoyen.
C'est une démarche citoyenne qui défend l'universalité de la culture. Il faut défendre des spectacles de qualité et mettre aussi les mains dans le cambouis, faire en sorte que d’autres mettent les mains dans le cambouis avec nous. L’ambition n’est pas de distribuer la culture mais de donner une fenêtre, une ouverture. À partir du moment où une, deux, dix personnes sont touchées par nos ateliers, ont envie d’y revenir l’année suivante, c’est réussi ! Il n’y a aucune obligation de chiffres, c’est une proposition.

Le confinement a montré à quel point on a besoin de toucher les gens, physiquement et émotionnellement. D’être à la bonne distance. Les écrans ont montré leur utilité et leurs limites. Rien de tel que le spectacle vivant.
Je suis comédien musicien. Je joue du soubassophone, un gros instrument qu’on trouve dans les fanfares, je chante, je fais du théâtre jeune public, de rue… pendant le confinement j’ai fermé tout ça. J’ai dû me réinventer, faire des chansons avec mes enfants de 4 et 6 ans, les « chansons du goûter ». On en a fait des videos avec une mini mise en scène.

Ils ont déjà le bon virus.
Celui-ci est un virus sympathique, le virus de la culture. Les écrans, la distanciation permettent d’adapter une forme de culture. On dit que les contraintes créent du jeu pour les comédiens, pour les musiciens mais nous avons besoin de chaleur humaine, de liant social. L’humain ne peut pas se contenter de discuter à travers des écrans, il doit partager des choses.
Comme nous discutons dans un café, la conversation s’engage avec l’un des employés qui confirme les propos d’Olivier : les bistrots sont des lieux de rencontre indispensables. Démocratie, liberté de parole, agora…
Les mails ne suffisent pas. Les projets avancent souvent autour d’une table, les sujets fusent, c’est la vie.

On parle de la Fanfare Trop Tard ?
Du Coup de Théâtre, j’ai d’abord découvert le pique nique en blanc, puis les concerts indissociables des spectacles et je me suis dit qu’il fallait une musique qui déambule, qui aille auprès des gens, qui passe de groupe en groupe, qui associe la proximité et la musique populaire. La fanfare est de la musique sans prétention, basée sur le plaisir. Le plaisir n’est pas tout, la technique non plus : la musique est ce qui se trouve entre les deux. Certains musiciens connaissent trois notes mais on a les yeux qui brillent en les écoutant.

La fanfare parle à tout le monde même si la performance musicale n’est pas extrême.
En entrant au CA, j’ai donc proposé cette fanfare que nous avons créée avec quelques musiciens et d’autres, non musiciens, qui se sont mis à jouer d’un instrument. Nous sommes en train de montrer un répertoire ; c’est le plaisir d’être ensemble qui permet à tout le monde de progresser.

L’esprit de tout ça, c’est le partage, le plaisir et l’aventure davantage que ce qui est cadré et formaté.
Il y a quand même un travail technique mais il faut avant tout retenir l’énergie positive, ce lien entre les gens que le public ressent. Lors de la fête de la musique nous avons vraiment éprouvé cette émotion partagée entre nous, avec le public.
La Fanfare Trop Tard va résonner dans les rues d’Annecy pendant les prochaines années !
Notre nom ? Nous avions prévu de jouer pour égayer une file d’attente avant un spectacle du Coup de Théâtre ; la file d’attente venait juste de rentrer, nous avons joué pour les derniers. Au marché, nous avons joué pour les camions qui débarrassaient la rue.

L’esprit de la fanfare se retrouve dans celui du Coup de Théâtre, une sorte de mobilité dans la diversité des lieux, dans des jauges qui ne sont pas très importantes pour privilégier la proximité.
C’est la composante humaine. Annecy a la chance de disposer de structures importantes, d’une Scène Nationale mais il est intéressant d’offrir différents gabarits pour toucher tous les publics. Quand celui-ci compte trois cents personnes, on reconnaît les gens, on les regarde dans les yeux, une autre énergie circule. Comme pour les ateliers, ce n’est pas le nombre qui prime mais la qualité de la transmission, la sincérité du message.
 
 


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