Oppenheimer, le film : le père de la bombe atomique vu par Nolan (et Move-ON Mag')

La promesse de Chritopher Nolan est tenue. Avec sa caméra 70 mm et son projet 100% IMAX, ce long-métrage offre un visuel splendide, à la précision chirurgicale. Les images rendent la photographie du film particulièrement léchée, avec des passages en monochrome qui nous emportent dans un cinéma noir et intense. Ce choix aide le spectateur à comprendre à quelle époque se situe l'action, pouvant ainsi marquer la différence entre le présent et le passé. Évidemment, tout le monde l'attendait : la scène de la bombe nucléaire, celle qui a permis aux Américains de bombarder Hiroshima et Nagasaki. Une des plus grandes catastrophes de l'Histoire... Une vision d'horreur emplit la Grande Salle du cinéma au Grand Rex. La lumière éclatante, la déflagration, les réactions des personnages. Le son éclatant et une musique oppressante rendent l'ensemble particulièrement réaliste. On ne peut s'empêcher de penser ici au film de Spielberg : Il faut sauver le soldat Ryan. Outre des conditions de tournage exceptionnelles, Nolan reste fan des vrais décors, là où des industries récentes s'y complaisent. C'est ce qui place déjà cette œuvre parmi la liste des films qui ne vieillissent pas et resteront gravés dans les mémoires. D'ailleurs, Oppenheimer a été spécialement conçu pour cette expérience IMAX. Le projet initial de Nolan, étant de créer une immersion dans la tourmente de son personnage : Oppenheimer, brillamment revenu à la vie, sous les traits de Cillian Murphy. Le protagoniste de Peaky Blinders prouve, une fois encore, à quel point il s'est imposé dans le paysage du cinéma. Son jeu est toujours juste, son personnage marquant surpasse presque les prouesses techniques de Nolan...

Certes, les puristes et amoureux de l'Histoire de la physique remarqueront des petites incohérences... Notamment concernant les échanges entre Oppenheimer et son confrère Albert Einstein. Mais l'oeil du spectateur sera bluffé par l'interprétation de Robert Downey Jr. L'acteur iconique, éternel Tony Stark s'impose : la page Marvel est bel et bien tournée et ce n'est pas plus mal. L'artiste s'était déjà vanté au sujet de son personnage Strauss : clamant qu'il s'agissait du meilleur film dans lequel il ait tourné, de toute sa carrière. Quant à Emily Blunt, elle délivre une performance brute, qui suscitera l'empathie des spectateurs. Malgré une brève apparition, Gary Oldman crève l'écran, campant un président Truman absolument détestable ! 

En effet, l'ambiance sonore du film Oppenheimer est très forte et intense. Certains spectateurs se sont plaint de maux de tête, tant la bande-originale est poussée à l'extrême. Entre jumpscares sonores et tourbillons, les sens sont en éveil pendant 180 minutes. Ainsi, la séance au cinéma pour la détente s'efface au profit d'une véritable expérience : une épreuve. Comme Nolan sait le faire, il insuffle dans son œuvre une dose non-négligeable de philosophie, de polémique. Oppenheimer s'est transformé en faucheuse : sa création tuera. Pour rappel, Hiroshima a été bombardée le 6 août 1945, Nagasaki le 9 août. Ces deux bombardements ont tué environ 250 000 personnes : femmes, enfants, civils confondus. Cette arme définie comme "génocidaire" dans le film est terrifiante. Elle apparaît même presque comme un personnage à elle toute seule... 
Le spectateur quitte la salle avec la boule au ventre, ne sachant quoi penser. Oppenheimer fait assurément partie de ces claques que l'on prend rarement au cinéma. 

Et vous, quand allez-vous voir le nouveau Nolan ?

Plus d'informations sur le film : Oppenheimer-lefilm.com