Rencontre avec Claude Lelouch et Sandrine Bonnaire pour le film “l’amour c’est mieux que la vie“

« On est au paradis sur terre, le paradis est ici“

   Laisse entendre Claude Lelouch lors de notre échange enrichissant.
 

   Le réalisateur évoque son envie de raconter l’histoire d’hommes et de femmes qui sont un peu moins dégueulasses que les autres. Cela se remarque évidemment dans ce film, le 50ème. 
Dans une ambiance détendue, Claude Lelouch nous apprend que 11 tournées ont été programmées partout en France ! Ces promotions ont d’ailleurs déjà eu lieu, en commençant par le Nord avec Lille ou encore Strasbourg. « On a terminé par Paris, la veille du lancement » ajouta-t-il. L’avant-première et la présentation du film se sont déroulées le 19 janvier 2022.
 

Un film qui respire la réalité.
L’amour c’est mieux que la vie est un long métrage qui raconte l’histoire de Philippe, Gérard et Ary, trois amis de longue date. Un jour, Gérard apprend qu’il va mourir, car il souffre d’un mal incurable. Ses amis veulent alors lui offrir un dernier cadeau, une histoire d’amour. Gérard a d’ailleurs toujours clamé haut et fort que l’amour, c’est mieux que la vie. 
Ce film respire la vie, la réalité et les acteurs ne sont pas inconnus au réalisateur, qui a fait le tournage avec sa bande d’amis. Si le film a du succès, il aura une suite. On sait à présent que Claude n’est pas prêt à dire au revoir au monde du cinéma. 
 

Claude, ce film est-il un bilan de carrière ou une œuvre parmi tant d’autres ?
« J’ai l’impression de n’avoir fait qu’un seul film durant toutes ces années. Tous mes films n’appartiennent qu’à une seule et même famille. C’est en quelque sorte un hommage aux trois mousquetaires, parce qu’ils y sont représentés. Je les ai rassemblés par rapport à l’honnêteté. 
D’un autre côté, j’ai toujours trouvé l’amour beau. Quand j’étais plus jeune, j’ai été touché par l’histoire de Roméo et Juliette. Je me suis donc décidé à les représenter, ayant eu la chance de vivre plus longtemps. Le présent nous appartient et c’est pour ça que j’en suis amoureux. La plupart des gens passent à côté, mais moi, je le vis à fond. Je ne parlerai donc pas bilan, mais de suite ! »

Le tournage s’étant passé dans des conditions très particulières, le film est-il une réponse à cette pandémie ?
   « Bien-sûr ! Si vous regardez la plupart de mes films, je travaille avec une très grande scénariste qui s’appelle « La vie ». Elle est présente dans toutes mes scènes. Il faut savoir que cette histoire (le script), existait bien avant la Covid. Elle est ensuite arrivée et je l’ai donc invitée dans le film. 

... Les masques nous ont servi quand même ! Par exemple, lorsque Sandrine enlève le sien lors de la première rencontre, l’émotion était présente ! C’était beau. Gérard est subjugué par la beauté de cette femme, qui pourrait bien être l’amour de sa vie. Nous avons utilisé les quelques blocages de la pandémie pour améliorer la substance de cette histoire. On dira donc merci à la vie. 
Petite anecdote par rapport au tournage : On a eu un cas de Covid-19, la veille du tournage de la scène en croisière. En réalité, Gérard devait partir en voyage pour oublier sa maladie et c’est là qu’il rencontrerait l’amour de sa vie, Sandrine. Mais on n’a pas pu prendre la mer.
J’ai transformé les inconvénients en positif et on a donc tourné à Paris, parce que j’adore Paris. Je pense que c’était la meilleure idée que l’on ait eue. Je me suis concentré sur les acteurs, afin qu’ils vivent des moments entiers. Quand on faisait une scène, elle était filmée en continu. On ne coupait pas la caméra, justement pour ne pas ôter l’émotion du moment aux acteurs. Dans presque toutes les scènes, les acteurs sont vrais ». 
 

Pour le fumeur, pourquoi ce choix ? Est-ce une métaphore ? 
   « La vraie raison pour laquelle j’ai choisi un fumeur est que j’ai perdu tous mes copains à cause de la cigarette. Elle me les a tous pris, que ce soit Johnny Hallyday, Jacques Brel, Belmondo, Ticky Olgado. Toutes les personnes autour de moi que j’aime et qui sont parties, sont mortes de la cigarette. 
Je me souviens que Ticky Olgado m’a demandé sur son lit de mort de dénoncer les méfaits de la cigarette. La cigarette tue. Il m’a dit de le crier haut et fort parce que c’est elle qui le tuait. J’en veux donc beaucoup à la cigarette et à travers ce film, je veux faire passer un message aux jeunes, à mes enfants qui fument ». 
 

La référence “Lucien“... Pourquoi Lucien revient dans plein de films et pourquoi avez-vous choisi ce prénom ?
« Lucien, c’est Jésus en fait ! Il s’appelle Lucien tout court, il n’y a pas de symbolique ou de référence. Ce sont des choses amusantes avec lesquelles on fait joujou ! J’aime bien ce prénom. Alors pour finir, ce film n’est pas réellement mon dernier, j’ai un peu triché. Il y aura une trilogie qui me permettra de me racheter, d’expier mes péchés en quelque sorte ». 
 

Sandrine, pouvez-vous nous dire quelque chose par rapport au film ? Vos sentiments ?
« On fait des films pour le public, mais un peu pour soi aussi. Parce qu’en tant qu’acteur, c’est important de se faire plaisir et d’être fier de pouvoir communiquer une émotion à ceux qui regardent. Les films, ce sont des cadeaux que l’on fait au public, donc logiquement, ceux qu’on fait ne nous appartiennent pas vraiment. À la fin de la projection d’un film, on sent tout de suite si le public aimé ou pas, notamment suite aux échanges qu’on peut avoir. On a un retour direct et un accueil qui a été formidable pour “L’amour c’est mieux que la vie“ ».