D’oxygène, on a pourtant l’impression d’en manquer au début de la pièce. La scène reconstitue un salon dont le papier peint psy, envahissant jusqu’au cauchemar, fait penser à du Vasarély qui aurait coulé. Nous sommes dans une espèce d’aquarium dans lequel les clips bilabiaux sonores de M. Smith ponctuent façon poisson le vide des propos de Mme Smith.
A la saturation du papier peint répond celle du langage. Banalités, évidences, truismes, lapalissades se succèdent et l’on ne peut s’empêcher de penser que pour Roland Barthes tout ceci constitue le cœur de la bêtise.
Ionesco y ajoute une pointe d’incohérence qui nous entraîne au-delà du train train des truismes « Pourquoi donne-t-on l’âge des décédés et jamais celui des nouveaux nés ? »
Jacques-André Bertrand déclare que la logique est indispensable au non sens. Ionesco dépasse largement ces limites, ces repères. Ses associations d’idées se jouent du temps, de la logique, de toute forme de cohérence au point qu’on voit des Bobby Watson partout et qu’il est presque rassurant de constater qu’à la nuisette rouge de Mme Smith répond le liseré rouge de la veste de pyjama de M. Smith et que, à l’horloge murale l’aiguille des secondes, elle aussi est rouge… mais qu’elle navigue dans un sens ou dans l’autre. Même le temps se joue de nous.
A la saturation du papier peint répond celle du langage. Banalités, évidences, truismes, lapalissades se succèdent et l’on ne peut s’empêcher de penser que pour Roland Barthes tout ceci constitue le cœur de la bêtise.
Ionesco y ajoute une pointe d’incohérence qui nous entraîne au-delà du train train des truismes « Pourquoi donne-t-on l’âge des décédés et jamais celui des nouveaux nés ? »
Jacques-André Bertrand déclare que la logique est indispensable au non sens. Ionesco dépasse largement ces limites, ces repères. Ses associations d’idées se jouent du temps, de la logique, de toute forme de cohérence au point qu’on voit des Bobby Watson partout et qu’il est presque rassurant de constater qu’à la nuisette rouge de Mme Smith répond le liseré rouge de la veste de pyjama de M. Smith et que, à l’horloge murale l’aiguille des secondes, elle aussi est rouge… mais qu’elle navigue dans un sens ou dans l’autre. Même le temps se joue de nous.
Les clichés sémantiques se suivent au point que l’un d’eux s’affiche en photo à la place de la pendule.
La vie ne devient alors qu’un tissu (un papier peint, pourrait-on dire) de coïncidences sans hiérarchisation, si bien qu’il est possible de détricoter sa propre histoire pour la vivre comme un enchaînement hasardeux. Tout sens disparaît et de frénétiques pendules dansent, explosent, se ramollissent façon Dali. Il est alors question d’une Alice… au pays de Ionesco ?
Le spectateur commence à douter de tout. La réalité ne serait-elle qu’une coïncidence ? L’identité aussi ? Ce tissu d’âneries aurait-il une portée philosophique ? Profonde ? Serions-nous obligés de nous dire « Est-ce bien toi ? Alors si c’est toi, c’est moi ! »
Le pire est de constater que nous fonctionnons nous aussi sur ce schéma : convenances, mondanités creuses, évocation de la météo (« Des inondations au 21° siècle, c’est incroyable ! »).
Une perle de pensée existentielle ?
«_ Ce matin, quand tu t’es regardé dans la glace, tu ne t’es pas vu.
_ C’est que je n’étais pas encore là. »
Tout ceci explose en un affrontement d’animaux qui crient des mots sans sens sur un délire d’horloge et sur fond de kaléidoscope emballé. On reconnaît au passage une drôle de version de"L’homme à la tête de chou" de Gainsbourg.
Apothéose finale en play back.
Serions-nous tous en play back au quotidien, joués par des mots vides que nous ne maîtrisons pas ?
Tout ceci fait curieusement penser à un aquarium rempli d’une saturation de vide, d’absence à soi, mais la mise en scène, le jeu « habité » de tous les acteurs, font pétiller la pièce de Ionesco, la font exploser… et nous de rire.
Il y a quelques jours, Stephan Wojtowicz (M. Smith) évoquait la difficulté à maîtriser la liberté que La Cantatrice Chauve laisse aux acteurs.
C’est une réussite. Une vraie.
Et dire qu’on aura bientôt les primaires à droite et un peu plus tard à gauche !
On pourrait faire remarquer à ce propos que des primaires qui viennent après d’autres primaires devraient s’appeler des secondaires.
Un (léger) bémol : Pierre Pradinas et ses acteurs (Romane Bohringer/ Stephan Wojtowicz et les autres)auraient intérêt à faire régulièrement contrôler leur équilibre psychologique à mesure que leur tournée les entraîne à accumuler des représentations de La Cantatrice Chauve.
La vie ne devient alors qu’un tissu (un papier peint, pourrait-on dire) de coïncidences sans hiérarchisation, si bien qu’il est possible de détricoter sa propre histoire pour la vivre comme un enchaînement hasardeux. Tout sens disparaît et de frénétiques pendules dansent, explosent, se ramollissent façon Dali. Il est alors question d’une Alice… au pays de Ionesco ?
Le spectateur commence à douter de tout. La réalité ne serait-elle qu’une coïncidence ? L’identité aussi ? Ce tissu d’âneries aurait-il une portée philosophique ? Profonde ? Serions-nous obligés de nous dire « Est-ce bien toi ? Alors si c’est toi, c’est moi ! »
Le pire est de constater que nous fonctionnons nous aussi sur ce schéma : convenances, mondanités creuses, évocation de la météo (« Des inondations au 21° siècle, c’est incroyable ! »).
Une perle de pensée existentielle ?
«_ Ce matin, quand tu t’es regardé dans la glace, tu ne t’es pas vu.
_ C’est que je n’étais pas encore là. »
Tout ceci explose en un affrontement d’animaux qui crient des mots sans sens sur un délire d’horloge et sur fond de kaléidoscope emballé. On reconnaît au passage une drôle de version de"L’homme à la tête de chou" de Gainsbourg.
Apothéose finale en play back.
Serions-nous tous en play back au quotidien, joués par des mots vides que nous ne maîtrisons pas ?
Tout ceci fait curieusement penser à un aquarium rempli d’une saturation de vide, d’absence à soi, mais la mise en scène, le jeu « habité » de tous les acteurs, font pétiller la pièce de Ionesco, la font exploser… et nous de rire.
Il y a quelques jours, Stephan Wojtowicz (M. Smith) évoquait la difficulté à maîtriser la liberté que La Cantatrice Chauve laisse aux acteurs.
C’est une réussite. Une vraie.
Et dire qu’on aura bientôt les primaires à droite et un peu plus tard à gauche !
On pourrait faire remarquer à ce propos que des primaires qui viennent après d’autres primaires devraient s’appeler des secondaires.
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Bonlieu scène nationale Annecy
résidence
19 sept. – 3 oct. 16
création
4 – 8 oct. 16
supplémentaire
le sam. 08 oct. à 17h.
Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin Limoges
11 – 18 oct. 16
Théâtre de l’Allegria - Maison des Arts Le Plessis-Robinson
4 nov. 16
La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc
8 - 9 nov. 16
La Coursive - Scène nationale La Rochelle
15 - 17 nov. 16
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30 nov. - 10 déc. 16
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