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ESAAA « Flirt en montagne »... La réalité ne serait qu’interaction ?



| Publié le Dimanche 16 Février 2020 |

Un temps de restitution sérieusement décontracté ©Paul Rassat
Un temps de restitution sérieusement décontracté ©Paul Rassat
Il faut d’abord retenir que l’entrée de l’ ESAAA s’orne d’une enseigne libellée « École d’Arts. » Arts, avec un s final qui est en réalité un début, une ouverture sur des pratiques multiples par les techniques, les matériaux mais aussi les regards, les stratégies et la philosophie auxquels elles permettent de s’exprimer.
 
C’est ce qui ressortait à l’évidence ce 12 février 2020 lors de la séance de restitution de la journée précédente au cours de laquelle les étudiants de 5° année investissaient le Centre d’Art et de Rencontres CURIOX à Ugine, qui a d’abord été une église avant de devenir lieu d’art. Faverges avec La Forge, Ugine redéfinissent leur identité ; l’art et la culture y contribuent grandement.

Voici comment étaient annoncées ces deux journées :
Les étudiants en 5° année Design & Espace de l’ESAAA organisent la septième édition des journées du projet EDA. Leur master titré cette année « Les temps qui fondent » leur a non seulement fait traverser des situations en milieu alpin, mais également permis de déambuler, de mener des expériences de rencontres et de productions pastiques dans différents lieux : Digne-les-Bains, Bellinzona, Embrun ou encore Sâou en pays drômois. Des sites sur lesquels ils et elles ont croisé des plasticiens, des poètes, des chercheurs ou des acteurs du monde actuel.
 

Quand le texte envahit l'espace physique et mental. Photo © Curiox Centre d'Art et de Rencontres. Ugine
Quand le texte envahit l'espace physique et mental. Photo © Curiox Centre d'Art et de Rencontres. Ugine
Ces deux jours de séminaire leur permettent d’inventer une nouvelle situation, de mettre en résonance des idées, des pratiques et de regrouper des personnalités rencontrées aux différentes étapes de leur pérégrination dans les Alpes.
Deux journées et une démarche nommées « Flirt en montagne », ce qui laisse un espoir jubilatoire même si elles s’inscrivent dans le cheminement plus long qu’est « Effondrement des Alpes ».
Un sauna dans une ancienne église, un texte « au kilomètre », sans ponctuation, tiré d’interviews afin d’illustrer la saturation qui nous baigne, un travail de broderie né d’une réflexion sur le récit , la fiction et le rapport de police… bien d’autres ateliers encore…

 

Installations. Photo © Curiox Centre d'Art et de Rencontres. Ugine
Installations. Photo © Curiox Centre d'Art et de Rencontres. Ugine
Quelques questions et réflexions ont tout particulièrement attiré notre attention.

_ Vivre au lieu de se forcer à rapporter une expérience. (paradoxe de l’artiste ?)

_ Il ne faut pas courir après la réponse à des questions d’urgence mais vivre un temps de pause qui permette de s’abstraire des injonctions sociales et d’établir des résonances.

_ Etre dans l’attention, dans l’écoute afin de prendre ses propres décisions alors que le temps et l’attention sont monétisés, rentabilisés partout ailleurs.

_ C’est bien de s’ennuyer un peu, de prendre conscience de sa propre temporalité.

_  «  Je réfléchis en même temps que je parle. Je ne sais pas vraiment ce que je dis. »
Cette dernière remarque est particulièrement intéressante car elle semble bien traduire l’esprit de l’ESAAA.

Il est vrai que nous devons beaucoup à ce cher René Descartes et à sa rationalisation de la pensée. Boileau lui emboîte le pas, qui assène « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Diable ! Un siècle plus tard, environ, Henri Von Kleist lui répond « Le Français dit que l’appétit vient en mangeant, et ce principe expérimental reste vrai si on le parodie en disant que l’idée vient en parlant… C’est une chose toute différente lorsqu’avant tout discours la pensée est déjà achevée dans l’esprit. Alors l’esprit n’est occupé que d’expression et ce travail, loin de le stimuler, a plutôt pour effet de calmer son excitation.
    Si donc une idée est exprimée confusément, il n’en résulte pas du tout qu’elle ait été pensée de même : il ne serait pas impossible que les idées les plus confusément exprimées fussent les plus clairement pensées… »

Ajoutons à cette philosophie un soupçon de permaculture, dont Stéphane Sauzedde, directeur de L’École, est un fervent adepte, et pourquoi pas une pincée de physique quantique : « …la réalité essentielle est indescriptible ?... Ou, comme je le crois, nous devons accepter l’idée que la réalité n’est qu’interaction ? » Carlo Rovelli Sept brèves leçons de physique.

À méditer ! Et les étudiants de l’ESAAA nous y invitent avec eux.
 

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