Franck Gautherot, l’un des Directeurs du Consortium nous parle de cette aventure commune qui cherche encore sa voie.
Le Consortium participe avec l’Académie Conti à la tenue d’expositions. D’où vient l’appellation « Académie Conti » ?
Vosne Romanée, Romanée Conti, le Prince de Conti, l’Académie Française Quai de Conti…
Cette appellation constitue déjà un véritable voyage.
Tout à fait légitime puisque les mots s’incarnent réellement. L’Académie Conti lieu d’exposition existe dans le village de Vosne Romanée . Comme il s’agit d’un projet de collaboration entre le domaine viticole et le Consortium, il fallait garder le mot « Conti » pour une question d’affichage, « Académie » recèle une connotation un peu désuète et prestigieuse à la fois.
A travers cette richesse de significations et de références, on peut voir le désir de rapprocher l’art contemporain et un vignoble au nom prestigieux en un entremêlement de cultures, de temporalités. La Romanée Conti nous renvoie loin dans le passé…
Pas tant que ça. Les vins de Bourgogne sont ancrés dans un terroir et une histoire assez longue mais l’excellence de ces vins s’est établie au fil du temps et leur grande puissance est relativement récente.
Romanée Conti est aujourd’hui le vin le plus connu dans le monde, même avec les nouveaux crus de Chine, du Chili ou d’ailleurs. Le domaine de Conti nous renvoie au Prince, qui faisait du vin pour sa consommation personnelle et pour sa cour ; ce n’était pas un vin public.
Il demeure toujours très confidentiel parce qu’il est inaccessible.
Financièrement et parce que très peu de bouteilles sont produites chaque année, environ 6000. Ce qui en fait un produit exceptionnel.
Il y a une dizaine d’années, les vignerons de Bourgogne ont souhaité faire inscrire au Patrimoine Mondial de l’Unesco les climats de Bourgogne, le mot climat renvoyant à la notion de terroir, de territoire. Les promoteurs de la démarche ont estimé qu’un volant culturel favoriserait cette demande concernant un produit associé à un terroir.
Aubert de Villaine, l’un des propriétaire de la Romanée Conti a pensé à l’art contemporain, même s’il n’en est pas au départ un amateur éclairé.
Ce qui prouve qu’il est curieux.
Il s’est demandé quelle activité pourrait matcher avec la sienne. Par des amis communs, nous nous sommes rencontrés il y a une dizaine d’années, nous nous sommes apprivoisés d’une manière laborieuse et lente. C’est quelqu’un de plutôt discret.
D’où l’intérêt de se tourner vers l’art contemporain.
Qui est antinomique, oui, avec des temporalités assez courtes, des succès fulgurants. On y fait le show.
Mais Aubert de Villaine est un visionnaire qui a su révéler la Romanée Conti en ce qu’elle est aujourd’hui. Il nous a donc fallu un peu de temps pour nous rencontrer.
Un peu comme il en faut au bon vin pour vieillir.
Et pour décider que l’ancienne cuverie du Prince de Conti, située sur le vignoble, autrefois rendez-vous de chasse des ducs de Bourgogne, abriterait des expositions.
Cette ancienne habitation récemment restaurée comporte quatre salles pour une superficie d’environ trois cents mètres carrés. On la visite sur rendez-vous, il n’y a pas d’accès PMR.
C’est un endroit magique mais aussi domestique qui ne peut pas accueillir un public nombreux.
Un lieu atypique, dans un domaine prestigieux, ceci vous crée quelques obligations : vous n’y exposez pas n’importe quel artiste.
Pas plus qu’au Consortium ou dans d’autres lieux !Celui-ci est un as de cœur…Mais il n’y a rien qui ressemble autant à un vignoble qu’un autre vignoble, qu’il produise de la piquette ou un grand vin.
La vigne a une durée de vie de quatre-vingt-dix ans seulement ; ce n’est donc pas tant la vigne qui produit le vin que le terroir, le savoir faire…C’est à la fois tangible et assez immatériel. Et si le label de l’Unesco a bien été obtenu, on ne sait pas si le volant culturel a constitué un plus pour la décision.
Réaliser des expositions renforce l’image, le marketing, et après ? On organise un déjeuner de vernissage très chic, on fait un selfie avec Aubert de Villaine. Finalement nous n’avons pas encore trouvé le véritable mode de fonctionnement. Nous continuons parce que la démarche nous intéresse, nous y éprouvons un grand plaisir associé à celui de discuter avec Aubert de Villaine mais nous n’avons pas encore trouvé le vrai rôle et la vraie fonction de cette histoire.
L’enjeu est intéressant.
Les gens riches qui s’intéressent à l’art contemporain connaissent la Romanée Conti. Comme ce collectionneur coréen qui a décidé de créer une boîte d’importation de vin, dont la Romanée Conti, pour répondre à sa consommation personnelle. Quand on lui a parlé d’expositions, il ne nous a pas crus ; impossible avec Aubert de Villaine, un conservateur…et pourtant ! Beaucoup d’Asiatiques sont venus, ont salué Aubert de Villaine, mais l’argument d’une exposition n’est pas suffisant pour les faire revenir, ou tout simplement pour faire venir des gens spécifiquement qui pourraient être des supports financiers pour nos activités .
Nous devons trouver quelque chose d’aussi sophistiqué que l’histoire de ce vignoble et de ce vin.
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