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Nous parlions de l’inutilité de l’art.
Oui, l’indispensable inutilité. L’art est inutile et fondamental comme la source en plein désert. Sans la source, l’Homme ne peut pas se désaltérer autrement qu’avec ce qu’il connaît déjà. Il faut qu’il puisse accéder à cette part d’inconnu en lui. C’est fondamental et les artistes donnent justement cette passerelle entre une certaine forme de réalité qu’on connaît, qu’on nous a inculquée et cette réalité plus subjective que l’on retrouve dans toutes les formes artistiques. Il s’agit d’un don de la part de l’artiste, au-delà de sa personnalité, de sa personne. Ce qu’il crée va au-delà de la connaissance.
Une source en plein désert, disiez-vous. Dans le désert le besoin de boire est impératif. Celui de l’art le semble moins.
Même là où il semblerait qu’il n’y a rien à voir, il y a toujours quelque chose à découvrir, comme le disait Malraux. Une révélation de son intimité, de sa propre profondeur. L’art n’est pas que surface, il est aussi fondamentalement intérieur.
Il peut nous révéler à nous - même et offre une dimension spirituelle.
Sans la connotation religieuse. C’est le mystère de l’être. Un artiste tente de communiquer ce qui le transcende, il tend la main vers l’autre.
Nous révéler… mais on peut penser que l’art apporte plus de questions que de réponses.
C’est la question qui est intéressante. Il n’y aura jamais de réponses dans l’art. Jamais. Quand des gens passent à la galerie, certains me demandent « Qu’est-ce qu’il (ou elle) a voulu dire ? » en regardant une œuvre. Je réponds alors « Qu’est-ce que ça vous renvoie à vous ? ». L’art ne donne surtout pas de réponses, il éveille, il ouvre, il questionne. Il permet de sortir de toutes ces connaissances qui nous écrasent.
Qu’est-ce qui vous a amené à ce métier ?
La figure de proue de ce métier, c’est la passion. Au départ, je voulais être ethnologue, passer toute ma vie dans tous les pays du monde. Mon papa adorait la peinture et me montrait de très beaux livres d’art quand j’étais toute petite. Il me demandait de reconnaître les peintres et je vois l’impact que cette initiation a eu sur ma vie, et qui continue d’opérer aujourd’hui. J’ai été styliste dans la haute couture mais j’ai commencé très tôt à organiser des expositions de peinture ; à 18/19 ans. J’ai continué mes deux activités en parallèle jusqu’au jour où, à Annecy, je suis tombée sur ce petit carré planté entre Notre Dame, St Pierre et Saint Dominique et j’ai senti un tellurisme, un lieu porteur, riche.
(Chantal Mélanson évoque alors Perceval, le chevalier qui se dépouille de tout pour devenir lui-même, comme l’artiste).
Alors que la société nous demande de paraître, d’être armé-e-s, l’artiste est seul dans son atelier. C’est là qu’il se passe des choses parce qu’il est hors de ce système écrasant de la connaissance.
Comment choisissez-vous les artistes que vous exposez ?
Je n’en sais rien. Le feeling. Un nom peut être déterminant. Une image dans un tout petit journal paumé. Beaucoup d’intuitions et la passion, la passion pendant 21 ans. L’histoire d’une galerie est aussi une autobiographie, elle reflète des humeurs. Nombre d’artistes que j’expose sont autodidactes. Je remarque aussi que beaucoup me parlent de l’arbre, qui est pour moi fondateur, fondamental, mythologique.
Je travaille de manière intuitive en direction d’un public qui est plus éveillé qu’on ne pense. Il est faux de penser qu’il faut lui donner des œuvres « faciles ».
Ce que les gens cherchent à travers l’art, c’est eux-mêmes. Une ouverture à la liberté de l’être. Ce que l’art évoque pour eux plutôt que ce qu’il veut dire. Mon rôle est d’accompagner le public dans cette recherche de liberté.
(Et Chantal Mélanson d’appuyer son discours sur les œuvres exposées car son propos mêle l’intellect à la sensibilité , au concret et doit dialoguer très simplement avec les tableaux qu’elle donne à voir et à ressentir).
Signalons que Chantal Mélanson a exposé Antoni Tàpies, Pierre Alechinsky, Ernest Pignon Ernest…et beaucoup d’autres artistes.
Une belle rencontre.
Oui, l’indispensable inutilité. L’art est inutile et fondamental comme la source en plein désert. Sans la source, l’Homme ne peut pas se désaltérer autrement qu’avec ce qu’il connaît déjà. Il faut qu’il puisse accéder à cette part d’inconnu en lui. C’est fondamental et les artistes donnent justement cette passerelle entre une certaine forme de réalité qu’on connaît, qu’on nous a inculquée et cette réalité plus subjective que l’on retrouve dans toutes les formes artistiques. Il s’agit d’un don de la part de l’artiste, au-delà de sa personnalité, de sa personne. Ce qu’il crée va au-delà de la connaissance.
Une source en plein désert, disiez-vous. Dans le désert le besoin de boire est impératif. Celui de l’art le semble moins.
Même là où il semblerait qu’il n’y a rien à voir, il y a toujours quelque chose à découvrir, comme le disait Malraux. Une révélation de son intimité, de sa propre profondeur. L’art n’est pas que surface, il est aussi fondamentalement intérieur.
Il peut nous révéler à nous - même et offre une dimension spirituelle.
Sans la connotation religieuse. C’est le mystère de l’être. Un artiste tente de communiquer ce qui le transcende, il tend la main vers l’autre.
Nous révéler… mais on peut penser que l’art apporte plus de questions que de réponses.
C’est la question qui est intéressante. Il n’y aura jamais de réponses dans l’art. Jamais. Quand des gens passent à la galerie, certains me demandent « Qu’est-ce qu’il (ou elle) a voulu dire ? » en regardant une œuvre. Je réponds alors « Qu’est-ce que ça vous renvoie à vous ? ». L’art ne donne surtout pas de réponses, il éveille, il ouvre, il questionne. Il permet de sortir de toutes ces connaissances qui nous écrasent.
Qu’est-ce qui vous a amené à ce métier ?
La figure de proue de ce métier, c’est la passion. Au départ, je voulais être ethnologue, passer toute ma vie dans tous les pays du monde. Mon papa adorait la peinture et me montrait de très beaux livres d’art quand j’étais toute petite. Il me demandait de reconnaître les peintres et je vois l’impact que cette initiation a eu sur ma vie, et qui continue d’opérer aujourd’hui. J’ai été styliste dans la haute couture mais j’ai commencé très tôt à organiser des expositions de peinture ; à 18/19 ans. J’ai continué mes deux activités en parallèle jusqu’au jour où, à Annecy, je suis tombée sur ce petit carré planté entre Notre Dame, St Pierre et Saint Dominique et j’ai senti un tellurisme, un lieu porteur, riche.
(Chantal Mélanson évoque alors Perceval, le chevalier qui se dépouille de tout pour devenir lui-même, comme l’artiste).
Alors que la société nous demande de paraître, d’être armé-e-s, l’artiste est seul dans son atelier. C’est là qu’il se passe des choses parce qu’il est hors de ce système écrasant de la connaissance.
Comment choisissez-vous les artistes que vous exposez ?
Je n’en sais rien. Le feeling. Un nom peut être déterminant. Une image dans un tout petit journal paumé. Beaucoup d’intuitions et la passion, la passion pendant 21 ans. L’histoire d’une galerie est aussi une autobiographie, elle reflète des humeurs. Nombre d’artistes que j’expose sont autodidactes. Je remarque aussi que beaucoup me parlent de l’arbre, qui est pour moi fondateur, fondamental, mythologique.
Je travaille de manière intuitive en direction d’un public qui est plus éveillé qu’on ne pense. Il est faux de penser qu’il faut lui donner des œuvres « faciles ».
Ce que les gens cherchent à travers l’art, c’est eux-mêmes. Une ouverture à la liberté de l’être. Ce que l’art évoque pour eux plutôt que ce qu’il veut dire. Mon rôle est d’accompagner le public dans cette recherche de liberté.
(Et Chantal Mélanson d’appuyer son discours sur les œuvres exposées car son propos mêle l’intellect à la sensibilité , au concret et doit dialoguer très simplement avec les tableaux qu’elle donne à voir et à ressentir).
Signalons que Chantal Mélanson a exposé Antoni Tàpies, Pierre Alechinsky, Ernest Pignon Ernest…et beaucoup d’autres artistes.
Une belle rencontre.