"Choses et autres", un hold up poétique avec la complicité de Jacques Prévert

Frank Stadler nous parle du spectacle.

Franck, pourquoi utilisez-vous des marionnettes ?
Elles permettent d’aller plus loin que ne le font les acteurs, de dire les choses différemment. La liberté d’expression est plus grande avec ce médium qui permet de s’adresser en même temps à toutes les tranches d’âge.

Puisque nous parlons d’âge, le Prévert que vous présentez est différent de celui de l’école en général ?
Bien sûr, plus riche, plus profond.

Pourquoi le choix de cet auteur et de textes extraits de son dernier livre « Choses et autres » ?
Laurent, le contrebassiste de la troupe nous a fait partager cette envie de redécouvrir Prévert et d’aller au-delà de ce que chacun peut connaître de son passage à l’école. On se rend compte que Prévert n’est pas du tout enfantin, que la plupart de ses textes dépassent le cadre du jeune public. Beaucoup prônent l’anarchie et, surtout, sont en prise avec l’actualité. Toutes ses mises en garde demeurent pertinentes . Même si la parole critique de Prévert dresse des tableaux assez sombres, elle reste toujours ouverte à l’espoir.

 La langue de Prévert n’est plus forcément celle qu’on entend aujourd’hui mais elle garde toute sa force. A travers la poésie, il nous dit que l’espoir est permis, que tout dépend de nous.
 Personnellement Prévert n’est pas un auteur qui m’a marqué à l’école, je l’ai découvert une fois adulte.

C’est bien la preuve qu’il est tous âges. Qu’il peut toucher tout le monde, comme tous les grands auteurs. Où puisez-vous votre inspiration ? Vous travaillez aussi sur le temps.
Les spectacles « Contre mémoire » et « Temps » ont été créés en parallèle. Ce travail continue avec l’écriture de notre sixième spectacle. Mais l’axe principal est toujours la poésie, qu’elle s’exprime par la forme ou par les mots. Sur six spectacles, quatre sont sans paroles, c’est alors la musique qui tient lieu de langage.

Pour toucher tout le monde, votre poésie passe par l’émotion et le mouvement.
En jouant, nous nous racontons quelque chose et nous laissons au spectateur une très grande liberté d’interprétation. Il peut se raconter sa propre histoire, la vivre dans l’instant.

Excellente démarche qui est à l’opposé de celle qu’impose l’école ! Comment réagit le public ?
« Choses et autres » est très bien reçu. L’écoute en milieu scolaire est excellente, comme les échanges qui suivent, dans l’émotionnel dès sept/huit ans et la pleine compréhension des textes qui  arrive à partir du cours moyen. La qualité des échanges permet d’aller, dans la discussion, au-delà du texte, ce qui montre que le spectacle prend les enfants et les emmène quelque part, dans un endroit qui est propre à chacun.
Quant aux adultes, ils découvrent ou redécouvrent Prévert et partagent le plaisir que nous avons à jouer ce spectacle.