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Move-On Magazine remercie l’association Plan Large et les Cinémas Nemours qui ont permis d’organiser cette rencontre.
Bouli Lanners, dans quelle mesure votre film est-il un western ?
L’histoire aurait pu se dérouler sans références au western, mais il y a le décor, le paysage, les grandes plaines, des chasseurs de primes, des affrontements, des duels, cette femme qui vit seule avec sa fille au milieu de la plaine, ce qui fait penser aux films de John Ford ; il y a aussi les flingues, la bande de crétins qui n’aime pas les étrangers à la ville, la musique a aussi quelque chose de très américain…Comme je ne prends pas l’avion, j’avais envie de faire un western en France et en Belgique.
Vous avez tourné en Beauce ?
Six semaines en Beauce et deux en Belgique. En prenant le train entre Toulouse et Paris, j’avais repéré en Beauce « cette rampe de lancement » d’un train [ 17 km d’une voie construite à 20 mètres au-dessus du sol dans les années 60 pour l’aérotrain de l’ingénieur Jean Bertin]. L’idée du film est venue de cette image. Deux personnes sur cette voie. Je suis retourné plusieurs fois en Beauce… Visuellement cette plaine est infinie , et tourner en Scope me permettait d’avoir des lignes d’horizon très basses pour magnifier le paysage . J’aime bien filmer là où peu de gens ont tourné, c’est le cas en Beauce. J’avais l’impression que tout était là pour mon film.
Le travail de repérage a été remarquable, la maison occupée par M. Lonsdale, les entrepôts, le bar…chaque fois on a l’impression d’être au milieu de nulle part.
C’est ce que je recherchais. J’aime bien faire mes repérages moi-même parce que les décors nourrissent l’écriture. J’ai besoin d’y retourner, de m’immerger régulièrement et j’aime ça. J’aime me promener dans les « trous du cul du monde ». Là, j’ai trouvé les décors petit à petit. Ils ne sont pas représentatifs de la Beauce mais conviennent à mon film.
Et puis il y a la voie de l’aérotrain.
Oui, sans un éclat, elle est inusable. On ne peut pas la démonter, ça coûterait trop cher. L’accès en est interdit. Ils ne savent pas quoi en faire.
Peut-on dire aussi que votre film est un road movie ?
Tout se passe sur ou au bord de la route. Mais c’est avant tout l’explosion et la reconstruction permanente d’une cellule familiale à travers des amitiés, une volonté de retrouver une petite fille.
C’est l’éclatement d’une famille pour en reconstruire une autre. Qu’est-ce qui vous fascine là-dedans ?
Moi, j’ai eu une enfance très heureuse. Je n’ai que des bons souvenirs de mon enfance. J’en ai la nostalgie. Alors je me pose la question pour les autres.
Michel Audiard fait dire à l’un de ses personnages « Quand les cons voleront, tu seras chef d’escadrille ». Là , on a l’impression qu’ils roulent en 4X4 ou en pick- up et veulent tous être chefs d’escadrille. Et à la fin les héros repartent ,unis, dans une guimbarde déglinguée. On peut voir dans votre film un voyage intérieur, initiatique, une quête, un détachement.
Oui, c’est l’histoire de la transformation de Gilou. Il y a deux choses, un sentiment de fin du monde qui habite les personnages, comme aujourd’hui dans la réalité du monde occidental, et il y a le personnage de Gilou qui, à travers sa pathologie, a peur de la mort. La leçon du film est « Même s’il reste peu de temps, vivons- le à fond ; c’est la transformation de Gilou vers cette forme de pensée positive. C’est un film sombre, mais paradoxalement le plus lumineux que j’ai tourné, qui se termine sur un message d’espoir.
Cette transformation s’incarne dans l’enterrement du cadavre momifié. La scène est magnifique avec votre tronche , celles de Michael Lonsdale et de Max Von Sydow, une sorte de Trinité ne comportant que des têtes de Père sur fond de caténaires en forme de croix.
Ah, vous les avez repérés ! Le film est parsemé de symboles pour ceux qui veulent les voir.
C’est une histoire autobiographique ?
Plus qu’autobiographique . Elle était là dès le départ mais j’ai développé , juste avant le tournage, une pathologie identique à celle de Gilou. J’ai été opéré du cœur, ce qui a entraîné un report du tournage de trois mois .Depuis un an et demi j’étais dans une pensée très noire, mortifère. Le film a été une forme de salut. J’ai réécrit les personnages de M. Lonsdale et de Max Von Sydow après mon opération. Il n’y a que moi qui pouvais incarner Gilou ; tout ce qu’il vit, je le vis.
Cochise-Dupontel est un peu votre frère.
On se connaît depuis une vingtaine d’années. On reste très proches dans nos parcours respectifs, même s’ils sont très différents. Albert s’inquiète pour moi comme Cochise s’inquiète pour Gilou.
Quelle est la place de la religion dans votre film ? Elle est présente dans de nombreux plans, il y a le personnage de Jésus.
C’est avant tout un film sur l’amour .Je crois plus en l’Homme qu’en la société ; c’est pourquoi je reste axé sur les relations entre les personnages. C’est un film sur l’amour. Jésus était un homme avec ses doutes, ses accès de violence , par exemple lorsqu’il chasse les marchands du temple…J’avais envie de parler de la foi, de la mienne, sans faire de prosélytisme.
L’image, la musique, le tempo de la narration, l’atmosphère forment un ensemble tellement cohérent que votre film est à voir sur grand écran, dans les meilleures conditions.
J’enjoins les gens à aller le voir au cinéma, par pitié (rires).
Vos personnages sont-ils des rebelles ?
Oui, certainement. Mais Cochise et Gilou sont aussi des handicapés, au bord du monde comme Esther et Willy qui sont, eux, simplement en marge de la société, qui vivent un handicap social ou pathologique, on ne sait pas très bien. Ils fuient le monde et sont à la recherche de la fille d’Esther. Leur quête est très pure. Ils représentent mon fantasme des premiers hommes (alors que même si la fin du monde prendra du temps, nous serons les derniers hommes)que j’imagine peut-être beaucoup trop purs. Ils étaient peut-être des crétins.
La fin du monde est celle d’une société. Ceux qui poursuivent Willy, par exemple, réagissent violemment parce qu’on leur a volé trois paquets de chips ou de gâteaux, on ne voit même pas précisément. Le pur instinct de propriété .
Les résidus de la société sont représentés par un groupe de crétins. Si ce monde-là peut disparaître, ça me va très bien.
Le titre de votre film fait écho aux premiers hommes mais aussi aux paroles du Christ.
C’est aussi le nom du Christ qui est parfois appelé « Le premier et le dernier ». Même si mon film n’est absolument pas religieux, le titre affirme cette volonté d’y inscrire quelque chose de divin, une pensée philosophique et de croyance. Je suis de culture catholique mais pas du tout pratiquant .
Le crucifix, dans l’église , est très impressionnant. Toujours ce travail de repérage.
Pendant les deux semaines de tournage en Belgique, il y avait la scène de l’enterrement et à proximité cette église à l’architecture des années 50/60. J’adore ce genre d’église qui ne ressemble à rien. Du coup, le Christ, on a dû en trouver un, parce que celui de l’église était horrible. On a galéré parce que personne ne voulait nous prêter son Christ. Il fallait un Christ qui marque.
A vrai dire, tout est impressionnant, le travail de l’image, la maison où vit Michael Lonsdale…
Pour la maison j’ai eu beaucoup de chance. Je suis tombé dessus par hasard au cours de mes pérégrinations. C’est une architecture coloniale qui n’a rien à voir avec la Beauce. Le bistrot a été détruit depuis.
Ça rejoint l’idée de fin du monde.
Chaque fois que je fais un film, la moitié de mes décors disparaissent juste après la fin du tournage.
Vous faites dire au personnage de Lonsdale « Vivre, ce n’est pas que respirer ».
Ça résume le film. La veille de mon opération, j’ai rencontré Michael Lonsdale qui participait à un festival de lecture de textes à Namur. Voir ce monsieur âgé venir seul de Paris ! Lui , il est habité par la foi ; j’ai été impressionné .Lorsque j’ai entendu « Vivre ce n’est pas que respirer » alors que ce type est plus mal en point que moi, je me suis dit qu’il a encore une telle force ! Cette rencontre a été déterminante alors que j’étais en boucle dans ma pathologie.
Dans le film, ce sont aussi les rencontres qui font évoluer le personnage de Gilou, rencontres avec Lonsdale, avec des gens plus mal en point que lui et qui le libèrent de son égocentrisme. Quand il prend Esther dans ses bras et la porte, il se passe concrètement quelque chose, la transformation intervient là. On se rend compte que la vie n’est pas anodine, qu’il ne faut pas la banaliser. C’est encore plus incroyable si l’on n’est pas croyant ! On est là pour un tout petit bout de temps et on ne peut pas passer cet instant à régler des problèmes vains. On ne peut pas gaspiller la vie. Il y a un pays d’Asie, le Bouthan où l’indice de bonheur passe avant le PIB alors que nous restons dans l’idée que le bonheur est lié au fait de posséder, on doit être dans la croissance permanente, ce qui est impossible. La foi comme notion philosophique peut seule nous sauver de la balance budgétaire.
Votre démarche est politique.
Dès qu’on parle de la société, c’est politique.
Comment voyez-vous l’après fin du monde ?
Il y a deux solutions. Sur quelques générations, il faudrait rapetisser l’homme, le faire mesurer 30 ou 40 centimètres, le reste demeurant à l’échelle actuelle. Ça règlerait tous les problèmes, logement, nourriture….n’importe quelle rivière deviendrait le Yang Tsé Kiang…alors qu’actuellement c’est le contraire. L’homme grandit, il prend de plus en plus de place. La 2° solution serait que l’homme disparaisse petit à petit, il a fait son temps.
Comment est reçu votre film par le public pendant la tournée que vous effectuez pour le présenter ?
Il est très bien reçu par le public. J’avais un peu peur que la part sombre prenne le dessus sur la part de lumière auprès du public. Ce n’est pas le cas. Les gens sont touchés .
Voir notre critique du film : Les Premiers les Derniers
Bouli Lanners, dans quelle mesure votre film est-il un western ?
L’histoire aurait pu se dérouler sans références au western, mais il y a le décor, le paysage, les grandes plaines, des chasseurs de primes, des affrontements, des duels, cette femme qui vit seule avec sa fille au milieu de la plaine, ce qui fait penser aux films de John Ford ; il y a aussi les flingues, la bande de crétins qui n’aime pas les étrangers à la ville, la musique a aussi quelque chose de très américain…Comme je ne prends pas l’avion, j’avais envie de faire un western en France et en Belgique.
Vous avez tourné en Beauce ?
Six semaines en Beauce et deux en Belgique. En prenant le train entre Toulouse et Paris, j’avais repéré en Beauce « cette rampe de lancement » d’un train [ 17 km d’une voie construite à 20 mètres au-dessus du sol dans les années 60 pour l’aérotrain de l’ingénieur Jean Bertin]. L’idée du film est venue de cette image. Deux personnes sur cette voie. Je suis retourné plusieurs fois en Beauce… Visuellement cette plaine est infinie , et tourner en Scope me permettait d’avoir des lignes d’horizon très basses pour magnifier le paysage . J’aime bien filmer là où peu de gens ont tourné, c’est le cas en Beauce. J’avais l’impression que tout était là pour mon film.
Le travail de repérage a été remarquable, la maison occupée par M. Lonsdale, les entrepôts, le bar…chaque fois on a l’impression d’être au milieu de nulle part.
C’est ce que je recherchais. J’aime bien faire mes repérages moi-même parce que les décors nourrissent l’écriture. J’ai besoin d’y retourner, de m’immerger régulièrement et j’aime ça. J’aime me promener dans les « trous du cul du monde ». Là, j’ai trouvé les décors petit à petit. Ils ne sont pas représentatifs de la Beauce mais conviennent à mon film.
Et puis il y a la voie de l’aérotrain.
Oui, sans un éclat, elle est inusable. On ne peut pas la démonter, ça coûterait trop cher. L’accès en est interdit. Ils ne savent pas quoi en faire.
Peut-on dire aussi que votre film est un road movie ?
Tout se passe sur ou au bord de la route. Mais c’est avant tout l’explosion et la reconstruction permanente d’une cellule familiale à travers des amitiés, une volonté de retrouver une petite fille.
C’est l’éclatement d’une famille pour en reconstruire une autre. Qu’est-ce qui vous fascine là-dedans ?
Moi, j’ai eu une enfance très heureuse. Je n’ai que des bons souvenirs de mon enfance. J’en ai la nostalgie. Alors je me pose la question pour les autres.
Michel Audiard fait dire à l’un de ses personnages « Quand les cons voleront, tu seras chef d’escadrille ». Là , on a l’impression qu’ils roulent en 4X4 ou en pick- up et veulent tous être chefs d’escadrille. Et à la fin les héros repartent ,unis, dans une guimbarde déglinguée. On peut voir dans votre film un voyage intérieur, initiatique, une quête, un détachement.
Oui, c’est l’histoire de la transformation de Gilou. Il y a deux choses, un sentiment de fin du monde qui habite les personnages, comme aujourd’hui dans la réalité du monde occidental, et il y a le personnage de Gilou qui, à travers sa pathologie, a peur de la mort. La leçon du film est « Même s’il reste peu de temps, vivons- le à fond ; c’est la transformation de Gilou vers cette forme de pensée positive. C’est un film sombre, mais paradoxalement le plus lumineux que j’ai tourné, qui se termine sur un message d’espoir.
Cette transformation s’incarne dans l’enterrement du cadavre momifié. La scène est magnifique avec votre tronche , celles de Michael Lonsdale et de Max Von Sydow, une sorte de Trinité ne comportant que des têtes de Père sur fond de caténaires en forme de croix.
Ah, vous les avez repérés ! Le film est parsemé de symboles pour ceux qui veulent les voir.
C’est une histoire autobiographique ?
Plus qu’autobiographique . Elle était là dès le départ mais j’ai développé , juste avant le tournage, une pathologie identique à celle de Gilou. J’ai été opéré du cœur, ce qui a entraîné un report du tournage de trois mois .Depuis un an et demi j’étais dans une pensée très noire, mortifère. Le film a été une forme de salut. J’ai réécrit les personnages de M. Lonsdale et de Max Von Sydow après mon opération. Il n’y a que moi qui pouvais incarner Gilou ; tout ce qu’il vit, je le vis.
Cochise-Dupontel est un peu votre frère.
On se connaît depuis une vingtaine d’années. On reste très proches dans nos parcours respectifs, même s’ils sont très différents. Albert s’inquiète pour moi comme Cochise s’inquiète pour Gilou.
Quelle est la place de la religion dans votre film ? Elle est présente dans de nombreux plans, il y a le personnage de Jésus.
C’est avant tout un film sur l’amour .Je crois plus en l’Homme qu’en la société ; c’est pourquoi je reste axé sur les relations entre les personnages. C’est un film sur l’amour. Jésus était un homme avec ses doutes, ses accès de violence , par exemple lorsqu’il chasse les marchands du temple…J’avais envie de parler de la foi, de la mienne, sans faire de prosélytisme.
L’image, la musique, le tempo de la narration, l’atmosphère forment un ensemble tellement cohérent que votre film est à voir sur grand écran, dans les meilleures conditions.
J’enjoins les gens à aller le voir au cinéma, par pitié (rires).
Vos personnages sont-ils des rebelles ?
Oui, certainement. Mais Cochise et Gilou sont aussi des handicapés, au bord du monde comme Esther et Willy qui sont, eux, simplement en marge de la société, qui vivent un handicap social ou pathologique, on ne sait pas très bien. Ils fuient le monde et sont à la recherche de la fille d’Esther. Leur quête est très pure. Ils représentent mon fantasme des premiers hommes (alors que même si la fin du monde prendra du temps, nous serons les derniers hommes)que j’imagine peut-être beaucoup trop purs. Ils étaient peut-être des crétins.
La fin du monde est celle d’une société. Ceux qui poursuivent Willy, par exemple, réagissent violemment parce qu’on leur a volé trois paquets de chips ou de gâteaux, on ne voit même pas précisément. Le pur instinct de propriété .
Les résidus de la société sont représentés par un groupe de crétins. Si ce monde-là peut disparaître, ça me va très bien.
Le titre de votre film fait écho aux premiers hommes mais aussi aux paroles du Christ.
C’est aussi le nom du Christ qui est parfois appelé « Le premier et le dernier ». Même si mon film n’est absolument pas religieux, le titre affirme cette volonté d’y inscrire quelque chose de divin, une pensée philosophique et de croyance. Je suis de culture catholique mais pas du tout pratiquant .
Le crucifix, dans l’église , est très impressionnant. Toujours ce travail de repérage.
Pendant les deux semaines de tournage en Belgique, il y avait la scène de l’enterrement et à proximité cette église à l’architecture des années 50/60. J’adore ce genre d’église qui ne ressemble à rien. Du coup, le Christ, on a dû en trouver un, parce que celui de l’église était horrible. On a galéré parce que personne ne voulait nous prêter son Christ. Il fallait un Christ qui marque.
A vrai dire, tout est impressionnant, le travail de l’image, la maison où vit Michael Lonsdale…
Pour la maison j’ai eu beaucoup de chance. Je suis tombé dessus par hasard au cours de mes pérégrinations. C’est une architecture coloniale qui n’a rien à voir avec la Beauce. Le bistrot a été détruit depuis.
Ça rejoint l’idée de fin du monde.
Chaque fois que je fais un film, la moitié de mes décors disparaissent juste après la fin du tournage.
Vous faites dire au personnage de Lonsdale « Vivre, ce n’est pas que respirer ».
Ça résume le film. La veille de mon opération, j’ai rencontré Michael Lonsdale qui participait à un festival de lecture de textes à Namur. Voir ce monsieur âgé venir seul de Paris ! Lui , il est habité par la foi ; j’ai été impressionné .Lorsque j’ai entendu « Vivre ce n’est pas que respirer » alors que ce type est plus mal en point que moi, je me suis dit qu’il a encore une telle force ! Cette rencontre a été déterminante alors que j’étais en boucle dans ma pathologie.
Dans le film, ce sont aussi les rencontres qui font évoluer le personnage de Gilou, rencontres avec Lonsdale, avec des gens plus mal en point que lui et qui le libèrent de son égocentrisme. Quand il prend Esther dans ses bras et la porte, il se passe concrètement quelque chose, la transformation intervient là. On se rend compte que la vie n’est pas anodine, qu’il ne faut pas la banaliser. C’est encore plus incroyable si l’on n’est pas croyant ! On est là pour un tout petit bout de temps et on ne peut pas passer cet instant à régler des problèmes vains. On ne peut pas gaspiller la vie. Il y a un pays d’Asie, le Bouthan où l’indice de bonheur passe avant le PIB alors que nous restons dans l’idée que le bonheur est lié au fait de posséder, on doit être dans la croissance permanente, ce qui est impossible. La foi comme notion philosophique peut seule nous sauver de la balance budgétaire.
Votre démarche est politique.
Dès qu’on parle de la société, c’est politique.
Comment voyez-vous l’après fin du monde ?
Il y a deux solutions. Sur quelques générations, il faudrait rapetisser l’homme, le faire mesurer 30 ou 40 centimètres, le reste demeurant à l’échelle actuelle. Ça règlerait tous les problèmes, logement, nourriture….n’importe quelle rivière deviendrait le Yang Tsé Kiang…alors qu’actuellement c’est le contraire. L’homme grandit, il prend de plus en plus de place. La 2° solution serait que l’homme disparaisse petit à petit, il a fait son temps.
Comment est reçu votre film par le public pendant la tournée que vous effectuez pour le présenter ?
Il est très bien reçu par le public. J’avais un peu peur que la part sombre prenne le dessus sur la part de lumière auprès du public. Ce n’est pas le cas. Les gens sont touchés .
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