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Vous évoquez cette évidence, cette simplicité alors que vous êtes dans une complexité de réflexion, alors que votre peinture ne correspond pas forcément à vos goûts personnels en matière d’esthétique : au fond, vous associez en vous toute une palette, du plus simple au plus complexe.
Le tableau en fait son affaire en tant qu’instance. Une fois que j’ai mené mon enquête sur les éléments introjetés dans le tableau, celui-ci ne s’intéresse plus qu’aux problèmes picturaux, pas à ma personne, mes goûts ou mes idées politiques… La seule chose qui excite l’instinct du tableau est de tenir debout et d’être suffisamment nourri, comme une bête à la ferme.
Le troc de mémoire fait qu’une réminiscence n’est pas forcément ou foncièrement issue de la mienne, mais plus volontiers d’un souvenir de tableau ou de texte, d’un archétype fripon, d’un feu grégeois.
Une dimension caractérise aussi vos tableaux : leur densité extraordinaire, un peu comme celle de la matière avant le big bang et l’explosion elle-même.
Dans l’épilepsie, il y a trois phases : charge, décharge et une 3° assez étrange qui s’appelle le Stentor, comme ce type qui gueulait dans les armées grecques. Le Stentor est une posture parodique du cadavre, proche du Christ mort de Holbein. Dostoïevski écrit par son Idiot que ce tableau peut faire perdre la foi. La peinture cumule ces 3 phases ensemble.
Cette préhension va à l’encontre de la notion d’expressionnisme qu’on m’attribue à tort - la crise ou l’emprise est celle d’un spectre, d’un démon impersonnel. Je ne cherche absolument pas à étayer un point de vue mais à exprimer le monde qui brasille depuis le fond des âges. Le modèle de saturation totale que j’emploie aboutit à une neutralisation du champ pictural. C’est pour cette raison que je parle de monochromes révulsés. En abordant l’un de mes tableaux, on n’y voit rien au départ, puis tout, et enfin seulement la moyenne du champ coloré dont le bourdon bas porte ses indices comme une panse lente au dos d’un pourceau.
Et on revient à votre idée d’enquête, même concernant le spectateur.
Un tableau neutralisé devient entièrement autonome. Il n’a alors plus besoin de moi et m’excrète. Je perds alors enfin mon privilège et redeviens un spectateur quelconque. À ce stade arrive un phénomène étonnant : tout ce que l’enquête m’a appris, ce dont le tableau m’a instruit, je l’oublie. Rendu à l’amnésie de l’Inoubliable, il me semble alors avoir fait le tour de mon terrier et saluer son souvenir primal.
Le spectateur régresse dans le système nerveux qui m’a servi d’auge debout comme dans une grotte. La peinture n’a pas besoin d’êtres humains. Dans cette perspective, tous les animaux, tous les objets sont artistes de fait. Ils ne font qu’exercer leur forme de vie, incorruptible.
Ce qui remet en question toutes les formes de hiérarchie.
Tous les animaux jouent et se rendent à la mort. Ils se contentent d’exercer les forces qui les régulent. L’art est cette régulation du monde, soit le métabolisme de la seule autorité que je reconnaisse sur ma forme de vie - quand bien même elle serait une vengeance exercée contre soi. « Nous sommes dans un désert. Personne ne comprend personne », mais seul le désert déserte.
Le tableau en fait son affaire en tant qu’instance. Une fois que j’ai mené mon enquête sur les éléments introjetés dans le tableau, celui-ci ne s’intéresse plus qu’aux problèmes picturaux, pas à ma personne, mes goûts ou mes idées politiques… La seule chose qui excite l’instinct du tableau est de tenir debout et d’être suffisamment nourri, comme une bête à la ferme.
Le troc de mémoire fait qu’une réminiscence n’est pas forcément ou foncièrement issue de la mienne, mais plus volontiers d’un souvenir de tableau ou de texte, d’un archétype fripon, d’un feu grégeois.
Une dimension caractérise aussi vos tableaux : leur densité extraordinaire, un peu comme celle de la matière avant le big bang et l’explosion elle-même.
Dans l’épilepsie, il y a trois phases : charge, décharge et une 3° assez étrange qui s’appelle le Stentor, comme ce type qui gueulait dans les armées grecques. Le Stentor est une posture parodique du cadavre, proche du Christ mort de Holbein. Dostoïevski écrit par son Idiot que ce tableau peut faire perdre la foi. La peinture cumule ces 3 phases ensemble.
Cette préhension va à l’encontre de la notion d’expressionnisme qu’on m’attribue à tort - la crise ou l’emprise est celle d’un spectre, d’un démon impersonnel. Je ne cherche absolument pas à étayer un point de vue mais à exprimer le monde qui brasille depuis le fond des âges. Le modèle de saturation totale que j’emploie aboutit à une neutralisation du champ pictural. C’est pour cette raison que je parle de monochromes révulsés. En abordant l’un de mes tableaux, on n’y voit rien au départ, puis tout, et enfin seulement la moyenne du champ coloré dont le bourdon bas porte ses indices comme une panse lente au dos d’un pourceau.
Et on revient à votre idée d’enquête, même concernant le spectateur.
Un tableau neutralisé devient entièrement autonome. Il n’a alors plus besoin de moi et m’excrète. Je perds alors enfin mon privilège et redeviens un spectateur quelconque. À ce stade arrive un phénomène étonnant : tout ce que l’enquête m’a appris, ce dont le tableau m’a instruit, je l’oublie. Rendu à l’amnésie de l’Inoubliable, il me semble alors avoir fait le tour de mon terrier et saluer son souvenir primal.
Le spectateur régresse dans le système nerveux qui m’a servi d’auge debout comme dans une grotte. La peinture n’a pas besoin d’êtres humains. Dans cette perspective, tous les animaux, tous les objets sont artistes de fait. Ils ne font qu’exercer leur forme de vie, incorruptible.
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Tous les animaux jouent et se rendent à la mort. Ils se contentent d’exercer les forces qui les régulent. L’art est cette régulation du monde, soit le métabolisme de la seule autorité que je reconnaisse sur ma forme de vie - quand bien même elle serait une vengeance exercée contre soi. « Nous sommes dans un désert. Personne ne comprend personne », mais seul le désert déserte.